📍 Les Grands Motets, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville
Né à Narbonne en 1711, Mondonville, violoniste virtuose contemporain de Rameau, s'installe à Paris en 1738. Après un poste de violoniste puis de compositeur au Concert Spirituel, il prend en 1744 le poste de sous-maître de la Chapelle royale (qu'il occupe jusqu'en 1758).
Probablement composé au concert de Lille en 1737, Dominus Regnavit est l'un des motets les plus joués au XVIIIème siècle, à Paris comme en province. Son texte, tiré du psaume 92, célèbre la magnificence du règne divin et son pouvoir sur les éléments, qu'il déchaîne à son gré. Le lyrisme du Gloria ou l'impétuosité de La Tempeste invitent l'auditeur à contempler les flots se déchaîner ou la terre trembler, autant de témoignages terribles de la présence divine sur Terre.
Ce motet biblique s'articule avec le suivant, In Exitu Israel, qui décrit l'impressionnante métamorphose de la nature que Dieu a mis en œuvre pour permettre la fuite des juifs persécutés en Égypte. Ce motet, composé vers 1753, met en scène les versets 1 à 8, 19 et 26 du Psaume 113, et est joué lors de la messe royale les 15 et 17 juillet 1753. Bâtie comme une vaste fresque figurative, l'œuvre rencontre un succès immédiat : l'on peut y voir l'engouement de cette époque pour la nature, et les tentatives pour l'imiter, tant dans les arts que dans les sciences.
Le De Profundis est quant à lui écrit par Mondonville en 1748, pour les obsèques de son ami Henry Madin, compositeur et membre de la Chapelle royale. Donné plus de quarante fois au Concert Spirituel jusqu'en 1764, ce grand motet est très apprécié de son époque : le Mercure de France décrit notamment les "beautés sublimes" du chœur d'ouverture, et le désigne comme "un des plus beaux morceaux que Mondonville ait jamais composés".
Notons enfin que, dans la France du Grand Siècle, le Grand Motet (ou motet à grand chœur) s'affirme comme un des éléments du gallicanisme. Prononciation latine différente de la prononciation romaine, forme orchestrale et chorale précise (deux violons, basse continue, grand chœur à 5 voix et petit chœur de solistes), le grand motet est un élément d'une identité nationale artistique et culturelle française, dans une Europe alors largement dominée par la musique italienne. À travers cette spécificité française, c'est la question de la souveraineté du roi de France qui s'impose alors. Lully, De Lalande et Mondonville furent de fervents défenseurs de cette forme musicale.
Solistes :
- Nathalie Fabre (soprano)
- Anne-Laure Jaïn (mezzo-soprano)
- Amaury Lacaille (haute contre)
- Aurélien Langlois (ténor)
Concerts :